L'avancée technologique importante des 60 dernières années n'a amélioré que partiellement la condition de vie de l'humanité mais nous a fait prendre conscience de la fragilité de notre écosystème et de l'empreinte écologique énorme que nous avons pour maintenir un semblant de train de vie.
Le jardin, qui est le mirroir de la philosophie de l'homme vis à vis de la nature est entrain de changer. On passe ainsi d'un jardin où l'homme maîtrise complètement la nature à un îlot de liberté qu'on laisse à la nature.
Revirement de situation dans un contexte où l'homme a gagné son combat contre une nature qui était jadis hostile mais où cette victoire de l'homme ou défaite de la nature sauvage entraine finallement celle de l'homme par la destruction des écosystèmes. Comme un effet boomerang.
Redonner la place à la nature, c'est ce que propose quelques paysagistes comme Gilles Clément avec son "jardin en Mouvement" qui redonne aux plantes le rôle centrale qu'elles avaient.
C'est aussi concevoir le jardin, dans sa définition persane, donc un espace clot, comme la représentation de notre monde fini. C'est la définition du jardin planètaire.
Redécouvrir le jardin, c'est redécouvrir aussi le rôle de la terre nourricière. C'est remettre en valeur ce lien de l'homme avec son jardin. Mais aussi de l'homme en tant qu'être social soucieux de préserver les ressources.
Si le jardin en mouvement est l'expression du néo-paysagisme comme on l'a vu plus haut, il doit a mon avis inclure une dimension vivrière et conviviale essentielle pour créer ce lien entre la nature et l'homme.
C'est ce que j'ai essayé de faire dans la mise en place des jardins partagé de Belley (01) avec l'association j'art d'ain partagé. Nous avons la chance d'avoir une parcelle de plus de 7000 m2 qui a été l' ancien potager du séminaire de Belley. Celui-ci a été transformé en espace vert il y a 20/30 ans puis, cet espace ne rentrant pas dans la définition de "l'espace vert" est devenu rapidement une friche par manque d'entretien.
Après avoir redéfini cet espace comme "un jardin", c'est à dire un espace clot, il a fallut redonner une cohérence à cet ensemble en incluant les dimensions vivrières, conviales et naturelles.
Faire un jardin, c'est créer une relation entre l'homme et la nature dans un espace géographique donné. Pour cela, créer des formes simples avec des fonctions précises facilite ce lien : le jardin devient compréhensible. Un théatre de verdure qui est cercle parfait est au centre géographique de la parcelle. Ce centre structure le jardin tout en amenant l'idée de transversalité des activités comme une idée forte.
La dimension naturelle se voit dans le contraste entre les parties travaillées et celles laissées libres. Elles sont de ce fait toutes les deux mises en valeurs.
Enfin la dimension vivrière se découvre par îlots, comme des clairières, entourées de zones sauvages qui servent de refuge aux insectes auxiliaires.
D'autres paramètres sont aussi importants comme l'énergie grise, la reversibilité.(Mais j'en parlerai plus longuement plus tard).(lien)